Le Japon sous-marin

une petite introduction

LE JAPON, UNE DESTINATION PLONGÉE

On présente souvent le Japon comme une terre de contrastes.
En effet, dès que l’on quitte la frénésie de ses villes énormes et hypermodernes, en s’éloignant notamment de la Pacific-Belt, cette célèbre mégalopole tentaculaire qui occupe toute la côte Pacifique de l’île principale du pays, le Japon se révèle être un pays très tourné vers la nature, offrant une grande diversité de paysages et de merveilles naturelles…

Un peu paradoxlement, ce pays souvent présenté comme ultra-moderne est aussi un lieu où l’ont peut ressentir de plein fouet la force des éléments.

Et c’est aussi vrai en surface que sous l’eau…

Tōkyō – Source de l’image: Kazuhiro Nogi/AFP/Getty Images

Mer intérieur de Seto – département d’Okayama

Sur terre, vous y trouverez des paysages à couper le souffle, avec ses massifs volcaniques et inévitables montagnes recouvertes d’une forêt dense regorgeant de vie.

Côté mer, cette nation insulaire composée de 7 000 îles offrant presque 34 000 km de côtes présente une très grande variété de plongées parfois spectaculaires, à tel point je que l’archipel a récemment été surnommé le secret le mieux gardé du petit monde de la plongée sous-marine.

Un secret?

Plus ou moins – mais il est vrai que le Japon est bien moins connu que d’autres destinations majeures de la plongée asiatique, où les pays tropicaux d’Asie du Sud-Est comme l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines ou la Malaisie concentrent l’attention des plongeurs internationaux.

Même au Japon, évoquez la plongée sous-marine et la plupart des réponses évoqueront directement les îles subtropicales d’Okinawa qui, justement, offrent des conditions de plongée similaire à celle des pays d’Asie du Sud-Est que nous venons de citer…

Cependant le Japon, ce pays très étiré où la mer est omniprésente, dispose d’excellents spots de plongée repartis tout le long de sa longue bande côtière.
Et au-delà des célèbres îles d’Okinawa, le pays dispose de nombreux atouts encore méconnus, avec notamment des plongées d’exception dans les eaux plus tempérée du pays, le long de l’île principale de Honshū par exemple…

Il est certes indéniable que plonger dans le fameux Triangle de corail d’Asie du Sud-Est reste une expérience unique, et que les récifs coralliens des régions subtropicales du Japon, aussi jolis soient-ils, ne peuvent pas vraiment rivaliser avec ceux des parc nationaux de Komodo ou de Raja Ampat en Indonésie, pour citer des lieux qui nous tiennent à coeur...

En revanche, pour les plongeurs courageux ne limitant pas exclusivement aux mers (très) chaudes, plonger dans ces eaux japonaises encore relativement inconnues permet d’accéder richesse et une diversité rare, avec des conditions contrastées, souvent bien plus dynamiques et variées que celles des eaux tropicales du Sud-est asiatique..

Le “Monument” de Yonaguni, département d’Okinawa. Source de l’image: Naotomo Umewaka

Un environnement complexe

Le Japon est souvent présenté comme un pays assez complexe.
Que cette réputation soit méritée ou non, cette complexité s’applique clairement aux particularités géographiques et aux environnements marins de l’archipel, qui offrent des plongeurs potentiels une diversité difficile à égaler…

S’il fallait choisir un mot pour définir la plongée au Japon, ce serait sûrement la diversité, car il est très rare qu’un seul pays offre autant d’environnements sous-marins différents.

Et il suffit de jeter un oeil sur une carte du Japon, avec ce profil et cette position géographique si particulière, pour s’en donner une idée…

← Hokkaidō et Okinawa ↑

Sources des images:  wikimedia.org et tsunagujapan

Comme nous l’évoquions, le Japon est une nation insulaire s’étendant sur plus de 3 000 km sur une grande latitude,  avec des conditions climatiques allant du subarctique au nord à un climat fortement subtropical à l’extrême sud.

En plus de cette position géographique remarquable, marquée par cette enorme distance entre les îles froides de l’extrême-nord (Hokkaidō) et la chaleur des îles du sud (Okinawa), les côtes japonaises sont aussi sous l’influence d’importants courants d’eau chaude et froide, et exposées à de grandes variations de températures saisonnières.

Tout cela contribue à fournir aux eaux japonaises une extraordinaire biodiversité, où chaque région présente une faune, flore et un écosystème côtier qui lui est propre, et offrant aux plongeurs des environnements de plongée riches et variés.

De grands contrastes

Le Japon présente trois écosystèmes marins principaux, soumis à de fortes variations saisonnières.

Ceci entraîne de grandes variations en matière de températures de l’eau, d’environnements et de la vie marine que l’ont peut observer à travers l’archipel.

JAPON MÉRIDIONAL

Dans les régions sud de l’archipel, les eaux cristallines et chaudes des îles japonaises offrent des récifs coralliens en pente douce et peu profonds, ainsi que des tombants abrupts, avec une topographie principalement volcanique et/ou calcaire.
Et les plages de sable bordées de palmiers de ces îles subtropicales ont peu à envier à leurs cousines tropicales…

Si la météo s’y prête, cette région (qui comprend principalement l’archipel des îles Nansei au sud de Kyūshū et les îles méridionales de l’archipel des Nanpō) permet de plonger dans des conditions subtropicales toute l’année durant.

Les îles Ryū-Kyū (région d’Okinawa) offrent les eaux les plus chaudes, la température de l’eau tombant rarement en dessous de 20 °C dans les mois les plus froids, ce qui permet de plonger en combinaison de 5 à 7 mm en plein hiver et en été, en 3mm ou sans combi, certaines zones pouvant parfois atteindre 29 °C ou plus…
D’autres zones du sud sont toutefois beaucoup plus fraîches en hiver, mais atteignent également des températures similaires en été.

Aka-jima, îles Kerama, département d’Okinawa – source de l’image: okinawaclip.com

JAPON CENTRAL

Les régions centrales du Japon offrent de grandes variations saisonnières, avec des eaux plus tempérées qui se réchauffent en été et une topographie généralement rocheuse, avec des fonds variés, allant de récifs coralliens dans les zones les plus chaudes aux algues, et même des forêts de laminaire dans les zones plus septentrionales.

Les côtes des régions centrales du Japon, au large desquelles se rencontrent et fusionnent de puissants courants chauds et froids, sont soumises à des remontées d’eau particulièrement intenses, qui sont à l’origine de la vie marine riche et complexe de cette zone, et offrent aux plongeurs la possibilité d’observer aussi bien une faune macro très intéressante ainsi que du gros.

Dans le centre de l’île de Honshū, les températures de l’eau fluctuent entre environ 10 °C en hiver à 27 °C en été.
Il existe ainsi une saison de plongée en combinaison étanche clairement définie, couvrant les mois d’hiver, où les températures de l’eau varient entre 10 °C et 15 °C et celle de l’air est de 10 °C ou moins. 
Cette saison froide évolue progressivement en une saison où il devient possible de plonger confortablement en combinaison humide, lorsque les températures atteignent 20 °C ou +, généralement au printemps (ce qui dépend du temps, mais aussi de la direction et de la force du courant d’eau chaude principale, le Kuroshio).
Dans certaines régions, les mers peuvent également devenir très chaudes pendant les mois d’été, rivalisant avec celles des régions du sud.

Péninsule d’Izu – département de Shizuoka – Source de l’image: japan-magazine.jnto.go.jp

JAPON SEPTENTRIONAL

Les régions subarctique du nord de l’archipel présentent des conditions bien plus froides toute l’année, et des eaux dans les profondeurs desquelles il est possible de croiser pieuvres géantes du Pacifique-Nord ou autres crabes royaux, et même, en saison, de plonger sous les blocs de glace dérivant le long des côtes…

Les eaux atteignent rarement plus de 20 °C autour de l’île d’Hokkaidō et gèlent en hiver, ce qui fait que la plongée locale est principalement une plongée d’eau froide, en combi étanche, et avec l’isolation thermique spécifique à la plongée sous glace en plein hiver.

Péninsule de Shakotan –  département d’Hokkaidō – Source de l’image: dronestagr.am

Une topographie remarquable et des eaux bleues limpides

L’archipel japonais est principalement stratovolcanique, situé à la rencontre de plaques tectoniques majeures, et présente à ce jour une forte activité aussi bien sismique que volcanique.
Les reliefs escarpés et accidentés que l’ont rencotre à travers le pays indiquent qu’il s’agit, d’un point de vue géologique, d’une région encore jeune.

Ces particularités géologiques ont façonné le littoral complexe des côtes japonaises (qui comprend également de nombreuses criques formées par des glaciers, caractéristiques des côtes nord-est de l’île de Honshū) ainsi que sa topographie sous-marine, qui combine une origine volcanique et des structures calcaires coralliennes.

La topographie sous-marine du Japon est souvent spectaculaire, offrant aux plongeurs des formations rocheuses aux formes étranges, des grottes et des canyons sous-marins, ainsi que des falaises calcaires escarpées, tombants et formations coralliennes.
Le littoral japonais est souvent rocheux, mais présent aussi des plages de fin sable blanc ainsi que de sable noir volcanique.

Dans les zones au volcanisme très actives comme l’île de Kyūshū, on peut observer d’impressionnates structures créées par les coulées de lave de récentes éruptions, offrant des plongées spectaculaires dans un environnement dynamique, en mutation constante.

Les régions célèbres pour leurs paysages sous-marins comprennent les îles Nanpō au sud de Tōkyō, le Kyūshū et aussi les îles Nansei/Ryū-Kyū (qui sont pour la plupart les sommets de chaînes de montagnes submergées), où vous pourrez plonger les célèbres grottes, canyons et arches sous-marines de l’île de Miyako-jima, ou encore la “Grotte Bleue” de l’île principale d’Okinawa (pour plus d’info sur la topographie sous-marine japonaise, cliquez ici)

Miyako-jima, département d’Okinawa – Source de l’image: miyakojima-style.jp

Le volcanisme actif des îles japonaises offre aussi, dans certaines régions, la possibilité de plonger des sources d’eau chaude sous-marines, comme à Hokkawa dans le département de Shizuoka, Shikine-jima dans les îles Izu ou à Taketomi dans les îles Yaeyama, par exemple.

Et impossible de parler de topographie sous-marine au Japon sans évoquer l’île de Yonaguni (département d’Okinawa), dont les eaux abritent une curiosité géologique de renommée mondiale, le célèbre « Monument de Yonaguni », aussi connu sous le doux nom de topographie sous-marine de Yonaguni. 

Il s’agit de formations rocheuses monolithiques et massives, constituées de grès et de mudstone très fin.
Les formations, aux angles marqués, paraissent artificielles, et ont fait l’objet de spéculations pseudo-archéologiques passionnées depuis leur découverte.

En plus de cette topographie sous-marine remarquable, les eaux japonaises offrent, en saison, une visibilité parfois exceptionnelle, pouvant atteindre les 30m ou plus, et avec de très belles nuances de bleu.

Ainsi, de nombreuses régions se dotent de nom faisant réfèrence aux couleurs de leurs eaux aigues-marines, turquoises ou bleu émeraude, le plus souvent en anglais, pour le style, avec un composé en XY-blue…
A travers l’archipel, on trouve ainsi des références au bleu de Shakotan (Shakotan Blue) d’Hokkaidō, ainsi qu’au bleu de Hachijō (Hachijō Blue) des îles Izu et le bleu des Bonin (Bonin Blue) des îles Ogasawara/Bonin dans l’archipel des Nanpō, ou encore au bleu d’Ita (Ita Blue) sur la péninsule d’Izu occidentale, ainsi qu’au bleu d’Echizen (Echizen Blue) de la mer centrale du Japon, sans oublier le bleu de Susami (Susami Blue) à Wakayama ou encore, à Okinawa, le bleu des Kerama (Kerama Blue) ou le bleu d’Hateruma (Hateruma Blue)…

Kerama Blue – îles Kerama, département d’Okinawa– Source de l’image: fun-japan.jp

La force des éléments

En dépit de ses villes et infrastructures ultramodernes, le Japon reste un pays où l’on est régulièrement confronté à la force des éléments, ce qui est aussi vrai pour l’environnement marin japonais.

La nature joue un rôle important dans la vie japonaise, d’un point de vue culturel (comme l’illustrent les aspects animistes/agraires qui subsistent dans la religion shintō du Japon), mais aussi pour des raisons purement pratiques, dans un pays présentant de tels écarts climatiques.

Le Japon est ainsi animé par des changements saisonniers très marqués, avec différents « fronts » balayant le pays du sud au nord, comme le « front de floraison des cerisiers » ou encore le « front de la saison des pluies », et les mers et les côtes du Japon assistent également à « l’arrivée » saisonnière de puissants flux du courant chaud Kuroshio, affectant directement le température de l’eau et la vie marine.

Comment se préparer aux inondations
Source : municipalité d’Ōta, ville de Tōkyō

Saison des pluies… Source de l’image: japan-forward.com

Front de floraison des cerisiers – Source de l’image: livejapan.com

L’actualité japonaise regorge de reportages sur les températures extrêmes, pluies diluviennes (y compris les « averses façon guérilla »)  chutes de neige, inondations, glissements de terrain, typhons et autres tempêtes, sans oublier les inévitables tremblements de terre, éruptions volcaniques et tsunamis

“Averse façon guérilla – Image source: www.news24.jp

Pour un pays maritime, le Japon présente un relief très montagneux, avec une énorme couverture forestière.
Par ailleurs, de nombreuses régions étaient jusqu’à peu bien à l’écart des centres urbains concentrant la majorité de la population le long de la côte Pacifique de l’île de Honshū, et restent peu peuplées à ce jour.

Il est parfois difficile de trouver des endroits totalement dépourvus de trace d’interventions humaines.
En effet, les longs rivages du pays comme ses forêts profondes ont presque tous été transformés et façonnés par des millénaires d’activités humaines, que ce soit par la sylviculture intensive et les ports de pêche côtiers, ou encore les diverses structures de protection en béton qui recouvrent les côtes japonaises, dont les inévitables tétrapodes, digues et autres remparts bétonnés…

Tomonoura, mer intérieure de Seto, département d’Hiroshima – Source de l’image source: wikipedia.org

Et pourtant, à bien des égards, le Japon reste un pays très    « sauvage », ou plus précisément, un endroit où l’on peut ressentir pleinement la puissance de sa généreuse nature.

Les écosystèmes contrastés découlant du grand écart de latitude entre les extrémités du pays façonnent le paysage et la mer, et sont soumis à des changements saisonniers très marqués.

De plus, la position stratégique du Japon, dont la masse terrestre fait tampon entre le nord-est du continent eurasien et l’océan Pacifique, fait que les côtes du pays sont exposées à des courants d’eau froide et d’eau chaude, notamment le puissant Kuroshio, équivalent dans le Pacifique du Gulf Stream de l’Atlantique.
Le flot du Kuroshio qui passe le long des côtes japonaises peut atteindre une vitesse de 3 nœuds (! ).

Les principaux courants d’eau chaude et froide qui composent le système Kuroshio-Oyashio induisent des changements de température et des remontées d’eau froide ainsi que, pour la vie marine, des cycles de frai, d’alimentation et de migration, et contribuent ainsi directement à offrir aux eaux japonaises les vastes ressources marines qui sont les leurs.

Pendant les mois d’été, les tempêtes cycloniques (typhons) balaient les îles du sud, alors que les mois d’hiver peuvent apporter de fortes chutes de neige (même en bord de mer), ainsi que des phénomènes de gel et même la dérive de blocs de glace dans l’extrême nord du pays.

Typhon n° 10, 2020 –  Source de l’image: asahi.com

La position géologique du Japon, à la rencontre des plaques tectoniques majeures, est à l’origine de la célèbre activité sismique et volcanique du pays, ainsi que sa topographie largement stratovolcanique.

La terre et la mer sont souvent secouées par de puissants tremblements de terre et des éruptions volcaniques, ce qui vient remodeler l’environnement sous-marin et donnant parfois même naissance à de nouvelles îles, comme Nishi-no-shima, au sud de l’archipel des îles Nanpō.
Cette île, née d’une caldeira sous-marine, est violemment sortie de l’eau suite à une éruption en novembre 2013 , et sa masse terrestre continue de croître à ce jour…

Les tsunamis (ou raz de marée) découlant de cette activité sismique frappent régulièrement les côtes japonaises, comme le 11 mars 2011, ou un tsunami a dévasté la côte pacifique de Tōhoku entraînant de lourdes pertes en vies humaines et une  destruction massive à l’échelle régionale.

La côte Sanriku après le séisme et tsunami de mars 2011 – Source de l’image: .japan-guide.com

Nous tenons ici à saluer les efforts exceptionnels de notre ami et ancien collègue Hiroshi Satō / Kuma-san, qui s’est activement impliqué dans la coordination des activités bénévoles de recherche et de sauvetage sous-marin, puis de nettoyage et réhabilitation de l’environnement maritime de la région d’Iwate depuis le tsunami de mars 2011.

Vous pouvez en apprendre davantage sur les activités des Sanriku Volunteer Divers en cliquant ici (texte en anglais)

La plongée est partout!

La géographie particulière du Japon, nation insulaire où aucun point du territoire n’est à plus de 150 km de la mer, fait que la plongée se pratique presque partout, et plus de 2000 sites de plongée sont déjà répertoriés à travers l’archipel.

Accès aménagé pour plonger du bord – Source de l’image: maple-h.co.jp

Accès pour plonger du bord – Source de l’image: marineclub-an.com

Parmis ces nombreux spots, on compte de nombreuses de plongées du bord, qui est type de plongée le plus courant le long des rivages rocheux des îles principales, particulièrement sur les côtes présentant une forte activité de pêche locale.

Ces sites de plongée du bord, notamment ceux situés à proximité ou sur la mégalopole de la côte Pacifique de l’île de Honshū, sont souvent aménagés pour la pratique de la plongée sous-marine, avec des aires de stationnement et un accès facile, des rambardes et cordes d’entrée, et parfois même des douches pour se dessaler après la plongée …

Nous pourrions dire que ces petits aménagements bien pratiques constituent l’un des rares aspects positifs de la bétonnisation massive des rivages japonais…

Cela étant dit, certains spots de plongée du bord sont un peu plus sauvages, et souvent difficiles d’accès sans l’aide d’un guide local.

En dehors de la mer, le Japon offre également de bonnes plongées en lac.

Plonger depuis un bateau est également très courant, notamment dans les îles du sud.

Les bateaux sont souvent très confortables (les semi-rigides sont rares) et dédiés à l’activité, et naviguent à grande vitesse vers des sites de plongée des environs, proches ou parfois assez lointains.

Toutefois, dans les zones plus reculées, la plongée peut se faire à partir de simples bateaux de pêche plus ou moins convertis, ou le confort est bien plus sommaire…

Plongée en bateau de pêche converti – Source de l’image: buddydive.jp/

Les croisières plongées (liveaboard) sont quasiment inexistantes au Japon, à l’exception de quelques courtes croisières semi-privées récemment organisées autour des îles d’Okinawa, principalement à l’intention de photographes et vidéastes locaux.

Vous pouvez en apprendre davantage sur les différentes options de plongée au Japon en cliquant ici.

Une accessibilité variable...

Les îles japonaises offrent de nombreux spots de plongée répartis à travers de l’archipel, mais l’accessibilité des régions et des sites varie considérablement.

Les sites de plongée les plus accessibles sont à proximité des villes formant la mégalopole japonaise, sur les côtes Pacifique de l’île de Honshū.
Les côtes sont reliées à la mégalopole du grand Tōkyō, par l’excellent réseau ferroviaire du Japon, tout particulièrement la région de la péninsule d’Izu, qui est le premier point de chute des plongeurs tokyoites, ce qui en fait une des zones de plongée les plus actives du pays.

Les îles du département d’Okinawa forment une autre région de plongée importante, et facile d’accès, tout particulièrement les îles situées près des grands aéroports régionaux, notamment l’île principale d’Okinawa ou sur l’île d’Ishigaki, dont les aéroports accueillent tous deux des vols internationaux.

Les zones moins développées et plus rurales consituent des destinations plus difficiles d’accès.
Elles sont souvent situées à la périphérie des îles principales et/ou isolées par la topographie montagneuse du Japon, qui vient compliquer le transport.

Le département de Kagoshima, situé à la pointe sud de l’île principale de Kyūshū, n’a été relié au réseau de trains à grande vitesse shinkansen qu’en 2011, par exemple.

Mais dans un pays insulaire comme le Japon, les difficultés d’accès découlent le plus souvent de la mer, tout simplement.

En effet, si les réseaux de liaisons maritimes japonais sont assez efficaces et généralement fiables (surtout si on les compare aux liaisons maritimes souvent hasardeuses des pays d’Asie du Sud-Est…), certaines îles constituant des destinations de plongée majeures sont bien plus difficiles à atteindre que d’autres…
L’exemple classique étant des îles Ogasawara / Bonin , au sud de l’archipel des Nanpō, qui ne sont accessibles que par une traversée en ferry de 25 heures, ligne de vie qui les relie à Tōkyō une fois par semaine…

D’autres îles éloignées présentant une activité de plongée importante, comme les îles Izu (départment de Tōkyō, archipel des Nanpō) ou les îles Satsunan (département de Kagoshima), sont entre les deux, offrant un degré d’accessibilité variable, comprenant des vols quotidiens, des liaisons maritimes par hydroptère et autres bateaux rapides, ou bien des liaisons bien plus lentes, par ferries locaux.

Liaison de ferry vers les îles Ogasawara – Source de l’image: travelyourway.net/discover-ogasawara-islands

Les îles éloignées ou isolées

Le Japon compte 6 852 îles (définies ici comme une masse terrestre entourée d’eau de plus de 100 m de circonférence), dont environ 430 îles habitées, en incluant les 5 îles principales du pays.

Les îles habitées les plus éloignées ou isolées sont appelées ritō 離島 en japonais, ce constitue un statut administratif officiel, qui donne accès à certaines subventions gouvernementales ou des tarifications postales aménagées, par exemple.

Il est important de préciser que le degré d’isolement de ces îles n’est pas exclusivement mesuré en termes de distance par rapport à une masse « continentale ».

Bien que certaines de ces îles soient bien physiquement éloignées des îles principales, d’autres, telles que les îles de la mer intérieure de Seto par exemple, sont assez proches, et pourtant toujours classées comme étant des îles « éloignées », ou plus précisément, fortement insularisées.

Les critères de classement  sont actuellement les suivants:

Les îles éloignées doivent être habitées, et avoir une population de plus de 100 habitants.
Elles doivent être séparées des côtes d’une île principale par plus de 5 km de mer ouverte, et ne pas être reliées par un pont terrestre.

Enfin, les liaisons maritimes doivent être inférieures à 3 navires par jour.

Nous souhaiterions ajouter que de nombreuses îles éloignées de l’archipel japonais offrent des plongées fantastiques, et aussi souvent la possibilité d’accéder à une faune marine qu’il est plus difficile à observer ailleurs…
Les îles éloignées présentent aussi souvent, de par leur isolation, de nombreuses singularités naturelles et culturelles intéressantes.

Dans l’ensemble, les îles éloignées du Japon méritent définitivement l’effort supplémentaire requis pour s’y rendre!

Des informations supplémentaires sur les îles éloignées du Japon et leur culture sont accessibles en cliquant ici.

Liaisons maritimes de l’archipel des îles Nanpō  – Source de l’image: kouwan.metro.tokyo.lg.jp/rito/island/

Ainsi qu'un léger choc culturel…

La plongée au Japon ne se distingue pas uniquement par la remarquable diversité physique qu’offrent les eaux du pays, mais aussi par certaines particularités propres la culture de plongée japonaise.

En effet, tout se fait un peu différemment au Japon, et la culture de la plongée ne fait pas exception…

La notion de « nation insulaire » (島国 shima-guni en japonais), est souvent invoquée pour souligner  l’isolement physique du pays, qui serait à l’origine de nombreuses singularités culturelles.
On rencontre également fréquemment l’idée qu’une mentalité spéciale découlant de cette insularité, formant un supposé  « caractère national »,  qui serait donc le produit d’une société autarcique, physiquement isolée des autres par les mers environnantes…

Quoi que l’on pense de ces idées un peu fumeuses, il est indéniable que le territoire japonais est un archipel, et que la mer a joué, et joue à ce jour, un rôle crucial dans l’histoire et l’économie du pays, et imprègne encore largement sa culture.

Cependant, en ce qui concerne la pratique moderne de la plongée sous-marine, ce n’est pas tant cette séparation physique fantasmée que de longues décennies disolement relatif offertes par la langue japonaise qui ont permis au Japon de développer ses propres réferences culturelles dans le cadre d’une activité internationale comme la plongée…

Ardoises et drapeaux – Source de l’image: akasyachi.com

La plongée japonaise a pu développé, au fil des ans, ses propres codes et intérêts spécialisés, tout en partageant certains traits communs avec la plongée européenne (notamment cette « mentalité de club », parfois un peu fermée, que l’on croise souvent dans des pays comme la France, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse ou le Royaume-Uni).

Mais la plongée japonaise est aussi sous l’influence puissante du système nord-américain (normes du (W)RSTC)  pour ce qui est de l’enseignement, et aussi de la pratique.

De plus, la plongée sous-marine japonaise cohabite dans un équilibre complexe avec les activités de pêche locales, ce qui impose souvent certaines contraintes et peut donner aux immersions une couleur locale assez particulière…

Pour n’en citer qu’une, la particularités la plus remarquable de la culture-plongée japonaise se trouve assurément dans le rôle du guide de palanquée japonais, qui guidera le plus souvent ses plongeurs selon certains codes, qui forment une approche qualifiée localement (avec une pointe de fierté indéniable…) de style japonais.

Plus de détails à ce sujet ici.

Bien qu’un plongeur non japonisant visitant l’archipel ne fera pas forcément l’expérience de ce style japonais en plongeant au Japon, ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres.

En effet, la plongée, comme la plupart des choses au Japon, est certes similaire, mais aussi un peu différente, souvent avec de petits plus, et peut constituer une expérience rafraîchissante, se détachant de l’uniformité culturelle relative la plongée en Asie du Sud-Est, par exemple.

Et puisque nous parlons de culture, un pays comme le Japon offre, il va sans dire, une fantastique culture de l’après-plongée…

Hors de l’eau, une fois douché, votre équipement rincé et séchant dans son coin, n’oublions pas que vous êtes, après tout, au Japon.
À manger et à boire – Rires et partage. Et tout le reste…

Plonger au Japon, surtout dans un cadre japonais, c’est aussi souvent une porte d’entrée vers un autre Japon, plus intime que celui que peuvent vivre les touristes lambda!

Et n’oublions pas les sources thermales japonaises (après avoir dégazé un peu l’azote accumulé bien sûr, sécurité oblige…) que l’on trouve un peu partout, y compris près des spots, qui sont une manière délicieuse de se réchauffer et/ou de se détendre après une dure journée d’explorations subaquatiques !

Source thermale d’après plongée  Futo, péninsule d’Izu – Source de l’image: namidea.com

Scroll to Top